de Julie Bérès et Elsa Dourdet
mise en scène Julie Bérès
5 mai 2009 à 21h au théâtre de Sartrouville
A partir d’un recueil de témoignages au sein d’une maison de retraite de Villejuif, Julie Bérès a conçu un spectacle lumineux. D’emblée, elle pose une question centrale, engagée : comment parler de ceux qui sont tout sauf moi ? De ceux qui ne correspondent pas au référent dominant : jeunesse, performance, beauté, dynamisme. Comment évoquer l’isolement qui frappe nos vieux, leur mise à l’écart dans nos sociétés occidentales ? Eloignées des structures religieuses et de l’idée d’éternité, nos sociétés contemporaines peinent à réinventer un nouveau rapport à la mort. Inspiré de L’homme apparaît au quaternaire de Max Frisch, On n’est pas seul dans sa peau… est une invitation au voyage onirique d’une femme, Rose, perdant peu à peu la mémoire. A travers les trois âges de sa vie tour à tour évoqués, trois interprètes nous font vivre ses souvenirs d’amour, de jouissances, de vie gourmande, ses déboires aussi.
Cette création multiplie les approches : acrobatie, marionnette, vidéo, théâtre, danse... Sur un fil sensible, Julie Bérès nous fait naviguer avec tendresse et acuité dans ce qui fut la vie de Rose. Servie par une scénographie subtile, entre féerie et univers burlesque, loin de toute compassion, elle aborde des questions fortes, comme la maladie d’Alzheimer ou la solitude, avec talent et vérité. Julie Bérès commence le théâtre avec Ariane Mnouchkine au Théâtre du Soleil. Elle joue sous la direction de Stuart Seide, Jacques Lassalle, Philippe Adrien, Jean-François Peyret et danse pour Joseph Nadj et Patrick Ledouaré. En 2001, elle signe sa première mise en scène, Poudre !, suivie en 2003 de Ou le lapin me tuera. « A l’époque, j’étais troublée par des artistes comme Nadj, Stuart ou Platel. Ils avaient la capacité de raconter une histoire, de créer du sens, mais surtout de réinventer le théâtre, de le ré-enchanter. »
On n'est pas seul dans sa peau est une pièce touchante. C'est l'écriture polyphonique de la vie d'un personnage que le spectateur suit. Une scénographie recherchée nous entraîne, spectateur, dans les méandres de la mémoire altérée d'une vieille femme, le personnage principal. L'utilisation de la vidéo, effet de réel, ferme la boucle de ce spectacle à voir absolument.
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